Apraxie

Rédigé par des auteurs spécialisés Ooreka

Sommaire

L'apraxie fait partie des troubles du mouvement, au même titre que la dyspraxie et la dysphagie. Il en existe plusieurs types, mais tous se manifestent par une incapacité à réaliser des gestes pourtant quotidiens et à les coordonner. L'orthophonie, par une rééducation intensive, peut intervenir pour améliorer la communication, en travaillant sur les muscles de la bouche notamment.

Définition de l'apraxie

L'apraxie est un trouble qui rend une personne incapable de réaliser un ou plusieurs mouvements, notamment sur commande. Ce déficit neurologique concerne aussi bien la conceptualisation que l'exécution du geste proprement dit.

L'apraxie se distingue d'autres troubles du mouvement par le fait que cette incapacité survient chez une personne dont l'ensemble des fonctions motrices et sensitives de base sont normales.

L'apraxie est donc un désordre dans l'exécution des mouvements et plus particulièrement dans une séquence de gestes (apraxie dynamique).

Il n'est pas rare que l'apraxie s'associe à des troubles neurodéveloppementaux, tels que les troubles du langage, de l’attention et des apprentissages. Les patients présentent aussi un risque élevé d’apparition de troubles anxieux, émotionnels ou comportementaux.

Causes de l'apraxie

L'apraxie est due à une lésion du système nerveux au niveau des lobes pariétaux (plus précisément la zone occipito-pariétale gauche ou inter-pariétale dans le cas des apraxies idéatoire et idéomotrice). Cette lésion peut être consécutive à :

  • un traumatisme ;
  • une tumeur ;
  • une infection ;
  • une maladie dégénérative ;
  • une pathologie d'origine vasculaire, comme un accident vasculaire cérébral (AVC).

Certaines apraxies entrent dans le cadre de pathologies particulières, par exemple un syndrome frontal ou des démences pour une apraxie réflexive.

Différentes formes d'apraxies

On distingue plusieurs formes d'apraxies.

Apraxie buccofaciale

L'apraxie buccofaciale, également appelée bucco-linguo-faciale, désigne une apraxie qui affecte la motricité de la bouche, de la langue et des muscles faciaux n'intervenant pas dans la phonation.

Ces troubles rendent impossibles, ou tout du moins très difficiles, les mouvements volontaires ou d'imitation tels que :

  • souffler ;
  • siffler ;
  • tirer la langue ;
  • gonfler les joues, etc.

Pourtant, ces mêmes gestes sont possibles lors d'une action réflexe. Ainsi, la personne apraxique pourra souffler sur une allumette qui lui brûle les doigts, mâcher, avaler ou embrasser spontanément une personne connue.

Apraxie constructive

L'apraxie constructive est particulière dans la mesure où elle consiste en un trouble visuel et spatial qui complique la capacité à réaliser des formes en trois dimensions (dessiner un cube, par exemple) et à définir les relations spatiales entre les objets ou parties d'objets.

Apraxie frontale

L'apraxie frontale désigne plus spécifiquement l'apraxie qui apparaît dans la réalisation des gestes de la vie quotidienne.

Elle se traduit par des problèmes pour organiser ses mouvements les uns après les autres et l'utilisation des mauvais objets pour réaliser une action (prendre un épluche-légumes pour décapsuler une bouteille par exemple). Elle est assez proche de l'apraxie idéatoire (voir plus bas).

Apraxie graphique

L'apraxie graphique prend également le nom d'agraphie. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une apraxie dans laquelle l'écriture manuscrite est difficile ou impossible.

Dans ce type d'apraxie, ce sont à la fois le geste (manipulation du stylo) et l'organisation spatiale des lettres à tracer pour former des mots qui posent problème. Toutefois, le patient reste capable d'épeler les mots ou d'écrire via l'ordinateur.

Apraxie de l'habillage

L'apraxie de l'habillage est particulièrement handicapante au quotidien, puisque la personne ne peut plus enfiler ses habits, boutonner sa chemise, faire ses lacets...

Apraxie idéatoire

L'apraxie idéatoire est une des principales formes d'apraxie. Elle touche la capacité à manipuler des objets. Il s'agit typiquement d'une incapacité à se représenter mentalement la suite de gestes à réaliser pour effectuer une action.

Il est ainsi très difficile pour une personne souffrant d'apraxie idéatoire d'insérer une clef dans une serrure, d'éplucher un fruit... Les gestes sont maladroits et confus.

Apraxie idéomotrice

L'apraxie idéomotrice désigne une impossibilité à réaliser des gestes sur commande :

  • imitation (par exemple faire la moue) ;
  • mime (par exemple faire semblant de nager) ;
  • gestes symboliques (par exemple saluer quelqu'un de la main ou faire le signe de croix).

En revanche, les gestes spontanés et les actions réflexes restent possibles (se signer spontanément en rentrant dans une église).

L'apraxie idéomotrice se distingue de l'apraxie idéatoire car elle concerne les gestes ne nécessitant pas l'utilisation d'un objet. Souvent, l'apraxie idéomotrice se combine à une aphasie (difficulté à s'exprimer et à comprendre le langage).

Apraxie de la marche

L'apraxie de la marche désigne une apraxie dans laquelle on observe une difficulté à marcher. Cette incapacité va de l'incitation au mouvement à une maladresse dans les déplacements. Elle est généralement due à un mauvais placement des membres inférieurs. Dans les cas les plus marqués, les mouvements volontaires de la marche sont rendus totalement impossibles, bien que les mouvements impulsifs soient conservés.

Apraxie motrice

L'apraxie motrice concerne essentiellement la réalisation de mouvements fins, précis.

Apraxie réflexive

L'apraxie réflexive, quant à elle, rend impossible l'imitation de mouvements abstraits (ne menant pas à une action réelle) comme les mimiques.

Prise en charge de l'apraxie en orthophonie

Diagnostic différentiel

Pour poser le diagnostic d'apraxie, il faut s'être assuré que le patient ne présente pas de symptômes contradictoires :

  • de paralysie ou autre déficit moteur ;
  • de déficits sensoriels ;
  • de troubles du tonus musculaire ;
  • de tremblements ;
  • de troubles de la coordination.

Bilan orthophonique

L'apraxie, et en particulier l'apraxie bucco-faciale, peut être prise en charge en orthophonie. Il est important, tout d'abord, de bien la caractériser à l'aide d'un bilan orthophonique et neurologique précis.

Déterminer la cause de l'apraxie est également indispensable pour une prise en charge adaptée.

Rééducation orthophonique

La rééducation orthophonique est souvent accompagnée ou précédée par le travail d'un ergothérapeute et/ou d'un kinésithérapeute, notamment en cas de spasticité (contraction musculaire).

Le traitement orthophonique peut être axé sur :

  • Le discours et la communication :
    • travail des muscles de la face pour effectuer les mouvements de la bouche nécessaires à l'émission de certains sons (sensibilisation aux sensations ressenties en fonction des positions de la bouche et visualisation de la position des différents éléments : bouche, langue, lèvres...),
    • travail sur l'enchaînement des sons,
    • exercices d'orthophonie et aides visant à faciliter la communication.
  • L'exemple, en prenant le temps de montrer au patient apraxique comment réaliser une tâche et en lui laissant suffisamment de temps pour qu'il le fasse à son propre rythme (sauf si cela est manifestement impossible).

Quoiqu'il en soit, l'orthophoniste s'attachera à :

  • donner des instructions simples ;
  • être clair dans ses formulations pour éviter le plus possible les erreurs d'interprétation ;
  • parler d'une voix normale.

La rééducation orthophonique devra être intensive. Pour obtenir les meilleurs résultats possibles, elle doit également être parfaitement cadrée et nécessairement très répétitive.

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